Le concept philosophique grec d’arkhé *1, présent dans le mot architecture implique la notion de commencement ; l’architecte est formé à créer, ériger, il est à l’origine du projet. À l’exact opposé, quand il n’y a plus ni projet ni projection, l’architecte est démuni et ne prend pas part à la démolition.
Et pourtant, les bâtiments que l’on pense voués à disparaître contiennent en eux d’infinies possibilités et une beauté qui ne demande qu’à être révélée. C’est ce que prouve le travail de Gordon Matta-Clark, qui influença les déconstructivistes Frank Gehry, Peter Eisenman ou encore Daniel Libeskind. La démolition n’étant aujourd’hui plus soutenable environnementalement, ne devrait-on pas suivre cette voie et déconstruire plutôt que de démolir ?
Déconstruire, déshabiller, desosser, soustraire, réemployer, détourner. À l’infini.
Mies Van der Rohe était-il le plus écologiste des modernes, loin du Corbusier qui (de manière provocante) prônait la tabula rasa ?
Pour nous sauver, ne deviendrait-on alors la première société à ne plus démolir? La décision de ne plus démolir impliquerait-elle que la forme urbaine se fige ? Comment pourrait alors se faire le renouvellement urbain ? Tous les bâtiments ont-ils quelque chose à révéler ou certains sont-ils uniquement synonymes « d’inutilité, de dysfonctionnement, d’inadaptation » *2 ?
En cours…
*1
ARENDT, Hannah,
Qu’est-ce que la politique ? Paris, éditions du seuil, 1995, page 54
« Le mot grec arkhè veut dire commencer et commander, donc être libre. »
extrait choisi sur le site de l’agence Joly & Loiret
*2
écrits de Françoise Choay